acajou-1-1024x683

L’acajou de Cuba

Swietenia mahagoni, l’acajou d’Amérique, acajou des Antilles ou acajou de Cuba, est un arbre de la famille des Meliaceae. On le retrouve dans les Antilles, à Cuba, en Jamaïque, à Saint-Domingue, en Afrique ainsi qu’en Floride. Cet arbre a été lourdement exploité aux XVIIIe et XIXe siècles pour l’exploitation de son bois (particulièrement en Angleterre et en Europe) pour la réalisation de meubles de qualité. Il est aujourd’hui en voie de disparition et est un des bois les plus chers au monde.  

Le «cuban mahogany» possède un grain fin et régulier, avec des pores ouverts, de dureté moyenne et de teinte homogène variant du rose au rouge foncé, parfois rubané lorsqu’il est coupé sur quartier ; il est utilisé depuis l’antiquité en ébénisterie, depuis fort longtemps en mar- queterie et depuis la fin du XVIIIe siècle en placages ; la lutherie des guitares modernes fait aussi appel à l’acajou pour les manches et les corps. Outre l’ébénisterie, l’acajou antillais est également recherché pour ses propriétés médicinales et soi-disant aphrodisiaques.

Depuis 1992, l’acajou de Cuba est classé en annexe II du CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), ce qui signifie qu’un certificat est nécessaire aussi bien à l’exportation qu’à l’importation. Il a été surexploité aux XVIIIe et XIXe siècles, est aujourd’hui en voie de disparition et est protégé par la convention de Washington (son exploitation et son commerce sont très réglementés). Son prix oscille entre 30 000 et 50 000 euros le mètre cube.

L’acajou de Cuba est très utilisé en Angleterre et en France aux XVIIIe et XIXe siècles pour la réalisation des meubles précieux. En massif il a servi à la fabrication des meubles dits « de port » et très utilisé à la fin du style Louis XVI et sous l’Empire. Il est la figure de proue du meuble portuaire, il est apparu selon G.Leclerc, vers 1520 en Espagne, acheminé comme lest sous forme de planches et de blocs à bord des caravelles, et introduit vers 1595 en Angleterre où il servait à la construction des bateaux car il est imputrescible, résiste absolument aux xylophages et possède un grain serré. On le trouve par exemple à bord du Belém, voilier classé monument historique, avec son salon vitré décoré en acajou de Cuba. C’est l’époque où toute la zone Caraïbe est le territoire des pirates et des corsaires. Selon l’historien Christian Lerat, c’est à partir de 1796 que Santiago de Cuba va devenir une base corsaire, où vont s’installer des armateurs et marins français de Saint-Domingue. Le commerce de ce bois est en plein essor. En 1798 les corsaires se livrèrent de plus en plus souvent à la piraterie et échappèrent au contrôle des autorités. Plus tard, dans les années 1800, les corsaires français deviennent des pirates et s’installent dans l’est de l’île, peu peuplée, difficile à contrôler, et juste en face de Saint-Domingue, d’où ils peuvent intercepter les navires anglais et américains, notamment leurs précieuses cargaisons d’Acajou (entre autres) en partance pour le vieux continent.

Carmen Mora

Comments are closed.