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De la cabane du pêcheur aux trois chalets

Sur les bords du lac de Joux, à l’entrée du village du Pont, se trouvait un petit chalet en bois, tenant lieu de résidence de vacances. Patrimoine familial depuis plusieurs générations, le propriétaire désirait que ce bâtiment fasse l’objet d’une rénovation et d’un agrandissement pour le rendre plus salubre et habitable. Le volume devait être capable d’accueillir les nombreux membres de la famille. Le maître d’ouvrage s’est alors tourné vers le bureau Daris Lépine architectes EPF pour un résultat intriguant.

Si l’intervention devait se résumer à une remise à neuf de la partie existante et un modique agrandissement ; au fil des discussions, elle s’est muée en un vrai projet architectural nourrit simultanément des envies des maîtres d’ouvrage et des suggestions des architectes. Cette complicité de conception s‘est poursuivit au cours de l’élaboration et de la mise en œuvre par la coopération des maîtres d’état dont le travail à amplement participer au résultat final.

 

L’élaboration du projet

Visuellement évident et simple dans sa forme achevée, le projet répond à une suite de contraintes : programmatiques, imposées par les maîtres d’ouvrage, contextuelles, données par la situation géographique et construite exceptionnelle de la parcelle, et enfin territoriales et réglementaires, imposant des limites de constructions strictes.

Ces obligations limitent l’agrandissement du bâtiment à un volume longitudinal à la route. Malgré cela, le projet tire profit de sa situation lacustre exceptionnelle pour exploiter la vue et l’orientation. Il tient compte de la présence de la voie fortement fréquentée, ainsi que du chemin public en bordure de parcelle et à relative proximité de l’habitation.

Le projet a choisi d’exploiter ses obligations en les intégrant à la réflexion pour en faire des éléments forts de l’identité du projet. L’alternance de murs pleins et d’ouvertures, secondées par des filtres de claustra en bois, limite l’impact visuel et auditif de la route, tout en laissant abondamment profiter les espaces de la lumière du matin. Quant à la conception des espaces principaux, ils tiennent fortement compte du voisinage du chemin pédestre. Ceux-ci se succèdent sur différents niveaux pour établir des rapports directs et indirects avec l’extérieur et le bord de l’eau et offrir des atmosphères distinctes. Ainsi, la salle à manger et la terrasse, en prolongement du niveau du chalet existant se situent en hauteur, ouvertes sur le lac et conséquemment plus exposées à la vue, filtrée par la balustrade de la terrasse. Pensées comme le lieu de rencontre et de partage de la famille, elles sont alors moins vulnérables aux regards extérieurs. La position de plain-pied avec le jardin et la configuration du terrain confère au salon une protection naturelle et en fait un espace privilégié pour son exposition et sa vue. Malgré les ouvertures généreuses, son rapport au terrain lui offre une intimité bienvenue renforcée par l’aménagement extérieur.

Le volume de l’agrandissement étant conséquent, la démultiplication des toits permet de ne pas obstruer la vue pour le quartier en amont et de diminuer le volume subséquent aux dimensions des nouveaux espaces. Cette forme, osée pour la situation géographique, a été soigneusement étudiée pour offrir au chalet sa nouvelle identité morphologique et semble-t-il lui donner son nouveau nom.
La perception générale de l’unité des espaces ne devait pas être perdue malgré les différents niveaux et la forme des volumes intérieurs. Le lien est retranscrit grâce à la structure, entièrement en bois et visible dans l’intégralité des espaces. Elle est conçue la plus fine possible dans le but de conférer aux pièces une atmosphère chaleureuse et humaine. Son rythme accompagne la percée visuelle traversant l’entier du bâtiment depuis l’entrée jusqu’au salon, ouvrant une perspective infinie vers le jardin, accentuant par ce fait le lien entre le construit et son contexte lacustre exceptionnel.

Les ouvertures mêmes sont associées au choix structurel. La lumière naturelle entre généreusement et sans excès par des ouvertures maîtrisées et exploitant les points de vue sur le paysage.

Si l’extension majoritairement en bois intègre des matériaux tels que le béton ciré et la pierre naturelle, la réhabilitation du chalet original rend hommage à ce matériau. Sa déclinaison du sol au plafond révèle la convivialité des espaces malgré des dimensions réduites, notamment à l’étage. Elle introduit deux types d’espaces, d’ambiances et de jeux de matériaux entre l’existant et le nouveau dans une harmonie spatiale générale.

 

La touche Bodenmann

La conception intégrale des espaces par les architectes ne serait rien sans une mise en œuvre cohérente et compétente offerte par les maîtres d’œuvre ayant accepté le défi et collaboré étroitement. Si le rythme de la structure dicte les dimensions des espaces, leur ambiance et la forme des ouvertures, elle est également l’occasion de décliner un ameublement intérieur intégré.

L’ensemble du mobilier fixe, étagères, vaisselier, cuisine et dortoirs sont le fruit d’une étroite coopération entre les architectes et l’entreprise Bodenmann. Celle-ci a permis des choix de matériaux, une conception des détails et une réalisation soignée et complète à la hauteur des attentes du maître de l’ouvrage. L’utilisation d’une multitude de type de bois, déclinées sur différentes interventions sont la résultante d’un savoir-faire et d’une grande attention à un matériau prédominant à la Vallée de Joux. Cette déclinaison complète l’atmosphère des espaces et augmente leur fonctionnalité.

Dès l’entrée, la finesse d’exécution et la fonctionnalité cohabitent dans un mur d’armoires accompagnant l’entrée dans le bâtiment. Le plaquage en érable canadien des portes, courant jusque sur les meubles de la cuisine, encourage la perception d’un premier élément. Le second, plus minéral, correspond au corps central en béton ciré. La tension établie entre ses deux composants définit la structure spatiale de la salle à manger et accompagne la percée visuelle à travers l’entier du projet.

Tout l’ameublement de la cuisine est construit sur mesure pour une adaptation parfaite à la structure principale. L’imbrication des deux confère un esthétisme et une ambiance particulière à la pièce tout en assurant une parfaite praticité.

Dans le salon, répondant à la finition en panneaux de bois plaqué bouleau posé par les charpentiers, les menuisiers ont mis en place une déclinaison d’étagères et de sièges dans le même bois. Le rythme des tablards exploite la présence de la structure principale pour un ensemble cohérent et équilibré offrant une échelle humaine et une multiplication des possibilités d’aménagement et d’investissement pour le maître d’ouvrage.

Dans le vieux chalet, l’épicéa blanchi du sol au plafond offre un univers doux et accueillant. Tous les meubles sont également plaqués en épicéa blanchi et adaptent leurs dimensions à la structure principale. Les armoires ou les coffres de lits offrent des espaces de rangement pratiques et généreux dans des volumes restreints. Les dortoirs sont de véritables « cocons » pour les enfants, leurs ouvertures de dimensions restreintes et originales proposent un rapport à l’eau direct et particulier au lieu.

L’utilisation diversifiée du bois et la précision de mise en œuvre des détails renforcent la déclinaison d’ambiances et d’atmosphères, particulièrement entre le nouveau et l’existant, tout en gardant une harmonie dans l’intégralité du projet.

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