Qui l’eût cru ? Dans la Vallée de Joux, un endroit bien isolé, ce pays de loups où peu osent s’aventurer sur les cols enneigés, on dénombre pas moins de 180 sociétés. Comment un bassin de 6’000 habitants peut-il s’enorgueillir d’avoir autant de sociétés actives, le plaçant au niveau des plus grandes capitales européennes ?
La Bouterolle : le bijou unique et émotionnel
Au centre du village du Pont, à la Vallée de Joux, il existe un endroit où une joaillière exerce ses talents. A la fois boutique et atelier, La Bouterolle est tout droit sortie de l’imagination de la créatrice de bijoux Maeva Reymond.
Fromagerie le Creux du Feu : le fromage aux Petits Plats
Aux confins de la Vallée de Joux, aux abords de la frontière franco-suisse se situe une ancienne fromagerie d’alpage du XIXe siècle. Sous le tuyé (cheminée pyramidale), le Creux du Feu a repris du service, après 70 ans de sommeil forcé. Le foyard a brûlé, les braises ont virevolté et le chant du feu crépitant sous la petite chaudière a réchauffé le lait et le cœur du fromager faisant renaître un savoir-faire rare. Une aventure qui résulte de l’entrelacement temporel d’un lieu, de passionnés et d’histoires passées et à venir.
Michel Juriens, la décoration intérieure dans les gènes
Dans un édifice datant de 1905 situé dans le village du Brassus, à la Vallée de Joux, on trouve les ateliers de Michel Juriens, décorateur intérieur. Représentant la troisième génération de l’entreprise familiale, Michel suit les pas de son grand-père et compte bien perpétuer la tradition en passant plus tard le flambeau à son fils.
Pierre DeRoche, l’horlogerie en héritage
Merveilleux joyau naturel serti de lacs, de verdure et de forêts, la Vallée de Joux est le berceau de nombreuses marques de Haute-Horlogerie. Une vallée aux simples fermiers qui, pour passer le temps lors des longs hivers, sont devenus de véritables experts dans les complications, des chefs d’orchestre aux partitions composées de minuscules composants mécaniques… c’est dans cet écrin que Pierre DeRoche est né.
Un savoir-faire made in Jura
Une simple planchette en bois, multipliée à l’infini, recouvre depuis le XIIIe siècle les façades et les toitures du Jura suisse dont il est originaire : le tavillon. Ce matériau noble traditionnel contribue à protéger une économie locale avec un impact écologique très positif, surpassant de loin les autres matériaux de couverture.
Cabinet Daris Lépine architectes EPF, l’architecture au cœur
Le cabinet Daris Lépine architectes EPF, c’est l’histoire d’une rencontre entre deux passionnés d’architecture. Deux personnalités aux origines et parcours distincts, que les compétences et affinités ont réuni un beau jour sur les rives lausannoises du lac Léman. Quelques années plus tard, du fruit de leur collaboration naît un cabinet d’architecture, installé à la Vallée de Joux.
De la cabane du pêcheur aux trois chalets
Sur les bords du lac de Joux, à l’entrée du village du Pont, se trouvait un petit chalet en bois, tenant lieu de résidence de vacances. Patrimoine familial depuis plusieurs générations, le propriétaire désirait que ce bâtiment fasse l’objet d’une rénovation et d’un agrandissement pour le rendre plus salubre et habitable …
Le Facteur de Balafons
Étrange… Étrange, en effet, de rencontrer un artisan facteur d’instruments d’origine africaine dans une contrée telle que la Vallée de Joux, bien loin du fleuve Niger et du golfe de Guinée. Et pourtant, Claude Luisier en fabrique depuis 36 ans dans son petit village du Séchey, avec une dextérité reconnue et validée par les plus grands musiciens africains qui viennent régulièrement faire leur marché en terre combière.
Le balafon, bala ou balani
Le premier balafon serait né dans le Royaume de Sosso (XIIe siècle), entre la Guinée et le Mali. Ce balafon existe encore et est nommé Sosso Bala. C’est un instrument de percussion idiophone mélodique, une sorte de xylophone comportant généralement entre 16 et 27 notes produites par des lames de bois que l’on percute avec des baguettes et dont le son est amplifié par des calebasses disposées en dessous. Particulièrement présent dans la musique mandingue où son existence est attestée depuis le XIVe siècle, on retrouve des balafons dans de nombreuses régions d’Afrique, tous différents. Certains sont très sophistiqués, d’autres très simples ; on en trouve aussi de gigantesques.
Les prémices
Au début des années 70, un vinyle de musique malienne atterrit chez Claude Luisier, alors en formation de bûcheron. Le disque, enregistré dans un village de brousse, dévoile des polyphonies vocales accompagnées par des tambours. Une plage particulière l’intrigue : quel est cet instrument qui mélange rythme et mélodie dans une telle virtuosité ? Le bûcheron en devenir est envoûté. Quelques années plus tard, en 1982, il rencontre un musicien genevois ayant construit son propre balafon. Touché par l’intérêt manifeste de Claude, il lui propose de l’aider à fabriquer lui-même son instrument. Après une longue réflexion, Claude abandonne la tronçonneuse et la hache, mais reste fidèle au bois : il fabriquera des instruments magiques à l’aide de bois exotiques et précieux qui feront résonner la culture africaine sur les scènes du monde.
L’atelier
Allier les saveurs du rêve, de la passion et de la musique aux réalités des exigences de la patience et de la production est une affaire d’équilibriste. L’intransigeance face à son travail et le souci de perfectionnisme ne jouent pas toujours la partition de la productivité. La vie insufflée à un instrument de musique nécessite un soin très particulier et une disponibilité sans faille. Claude devient sculpteur de sons. Chaque note et chaque résonateur lui correspondant forment une unité acoustique dont la brillance ne relève pas du hasard. De par sa structure moléculaire, chacune d’entre elles a sa dynamique propre qu’il faut équilibrer avec toutes les autres.
La relation très étroite des fréquences entre résonateurs et lames est capitale : éventez-la de quelques modestes fractions de tons et voilà le travail déprécié. À certains moments, la perception auditive paraît si subjective que les repères s’estompent. Alors il vaut mieux s’arrêter, attendre, poser un instant son esprit dans d’autres paysages. Le véritable rôle du facteur de balafons se situe à toutes ces intersections sonores et dans leur mise en place.
Le balafon
Du débitage brut au braisage et façonnage des lames, de l’accordage au montage, de la fabrication des corps de résonance à la construction du châssis, des réglages des fréquences aux finitions les plus fines, la construction d’un balafon de concert de 21 lames demande plus de 200 heures de travail. Le bois des lames, en général du padouk, pau-rosa et wengé, est issu de lots dont le séchage à l’air libre a été poussé entre 12 et 25 ans. Ils subissent également l’épreuve du feu pour obtenir une cristallisation des résines. Les lames d’instrument, ou d’une paire de balafons, sont toujours débitées à partir d’une même planche, ou, à défaut, de la même bille de bois. C’est une des conditions pour l’obtention d’un équilibre de timbre et d’acoustique de très bonne qualité.
Photographies©Anne-Lise Vullioud et Claude Luisier